Depuis toujours, l’humanité interprète le monde, pour en faire son monde. Elle établit son propre discours (logos) sur le monde (kosmos), sa propre cosmologie, c’est à dire cette « ensemble articulé des raisons d’être qu’a le monde pour une certaine culture. » (Augustin BERQUE, géographe et philosophe). Prendre conscience que l’humanité partage un monde commun – avec l’ensemble des vivants – sur une Terre qui atteint ses limites, nous amène à interroger la relation que nous entretenons avec ce qui reste de la nature et de nos environnements.
Quelles interactions avons-nous avec nos milieux de vies et l’ensemble du vivant ? Quelle place accordons-nous aux êtres humains, aux oiseaux, aux escargots, aux poissons, aux arbres, aux fleurs ou encore aux champignons ? Quelle relation entretenons-nous avec eux·elles ?
Chaque jour nous prenons davantage conscience des services que nous rend la nature. Et si, au delà, nous repensions notre vision du monde et envisagions la nature non pas comme une nature-objet, mais comme une nature-sujet ? Ceci nous laisse envisager une cosmologie « où les questions environnementales ne sont plus des chiffres mais des expériences vécues et (…) sont indissociables des questions sociales. (…) Les luttes deviendront existentielles, et non plus sociales ou écologiques ». (Alessandro PIGNOCCHI, ancien chercheur en sciences cognitives et auteur de bande-dessinée)
Le système de soins compte pour environ 15% sur l’état de santé d’une population, les 85% restants se situant hors de ce champ sont les environnements de vie. Parmi eux, on retrouve la biodiversité, avec la nature et les paysages, ainsi que l’architecture, autour de nos lieux de vie.
Notre santé dépend des écosystèmes, au travers notamment de la disponibilité d’un territoire en eau douce et potable, ou en sol sain et vivant pour favoriser sa production et la qualité des aliments (alimentation biologique). La perte de la biodiversité dans ces écosystèmes, qu’elle soit animale ou végétale, peut avoir des conséquences directes sur notre santé.
Il s’agit ainsi de repenser la relation humain-environnement dans un principe de réciprocité, santé des humains et santé de la biodiversité. Pour cela, et afin de satisfaire les enjeux des territoires, une approche transdisciplinaire est nécessaire notamment entre les disciplines de la Santé, de l’Architecture, de l’Aménagement du territoire et de l’Ecologie.
L’humanité participe à l’accélération des changements environnementaux à l’échelle mondiale. Non seulement nous épuisons les ressources naturelles, mais nous produisons aussi d’énormes quantités de déchets et de polluants toxiques, ce qui entraîne une perte de biodiversité à grande échelle, modifie nos paysages, modifie la composition de notre atmosphère et altère la santé de nos océans. La santé planétaire est un domaine interdisciplinaire visant à définir les impacts des actions, sur la santé humaine et santé de la biodiversité, que l’on mène sur les systèmes naturels de la Terre. Malgré les gains durement acquis en matière de santé publique au cours des dernières décennies, nous sommes de plus en plus confrontés à une dégradation de la qualité de l’air, à une production alimentaire menacée, nous sommes exposés à de nouvelles maladies infectieuses, à une diminution de l’accès à l’eau douce, à de nouveaux dangers naturels, avec des répercussions négatives sur notre alimentation, notre santé mentale et notre sensibilité aux blessures et aux maladies.
Nous sommes à la croisée des chemins. En tant qu’espèce, nous pouvons poursuivre notre trajectoire actuelle de destruction de l’environnement et en subir les conséquences sur notre santé, notre bien-être et, en fin de compte, notre survie, ou nous pouvons saisir l’occasion de tracer une autre voie. Nous pouvons construire un avenir dans lequel l’humanité prospère avec le reste de la biosphère, dans lequel les avantages des systèmes naturels bien protégés sont accessibles à tous, dans lequel les différentes façons de penser, de la tradition scientifique aux systèmes de connaissances autochtones, sont respectés.
La façon dont nous concevons nos villes constituera une partie essentielle de notre futur. La majorité des habitants de la planète vivent aujourd’hui dans des villes et le pourcentage augmente chaque décennie. À différentes échelles, des bâtiments aux quartiers en passant par les régions métropolitaines, il est essentiel de construire des environnements urbains bénéfiques à la santé et au bien-être humain en minimisant l’empreinte écologique des citadins. Il y a de nombreuses possibilités architecturales pour construire des bâtiments autonomes en énergie faits de matériaux verts qui récupèrent les eaux usées avec des murs végétaux et des toitures végétalisées. Nos quartiers pourraient mettre l’accent sur la mixité d’usage avec des citoyens qui vivent près de leur lieu de travail et échangent entre eux, des espaces verts qui favorisent la cohésion communautaire et l’exposition à la nature, ainsi que des sentiers pédestres et cyclables qui favorisent l’activité physique, l’assainissement de l’air et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Et les régions métropolitaines dans leur ensemble peuvent mettre l’accent sur la gestion efficace des déchets, le recyclage, le transport en commun, la production d’énergie à faible teneur en carbone et les systèmes alimentaires qui encouragent la production alimentaire locale, les jardins verticaux et communautaires, et un accès équitable à des régimes équilibrés.
Toutes ces solutions sont à notre portée si nous avons la volonté collective de les mettre en œuvre. Le choix nous appartient.
Mardi 24 Septembre 2019, Planetary Health Alliance de l’Université d’Harvard pour Santérritoire et Architecture Santé
2021 / Aménagement du territoire / Artisanat / Maison individuelle / Privé
2023 / Privé / Rénovation
2022 / Aménagement du territoire / Public
2021 / Agriculture / Aménagement du territoire / Privé / Public
2021 / Aménagement du territoire / Public
2021 / Privé / Rénovation
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